Dégage !
Créé par isler le 06 sept 2011 | Dans : Presentation
Dimanche 25 septembre, 17h: le dépouillement vient de se terminer à la préfecture de la Moselle, pas vraiment de surprise. Je sais déjà que je vais être loin du compte pour bousculer la fourmilière et obtenir un siège de sénatrice.
Au fil des jours de campagne, même avec 7 réunions par jour consacrées à présenter mon projet aux grands électeurs, je sens bien au fond de moi, sans pouvoir l’expliquer, que le quotient des 567 voix s’éloigne au fur et à mesure.
Les grands électeurs ont été repris en main: je te tiens, tu me tiens par le prochain mandat, par la prochaine subvention …
Rencontrer 2833 grands électeurs en cinq semaines était mission impossible.
Lancer une campagne électorale au mois d’août était peine perdue.
La découverte fin juillet du mémento du candidat, alors que je l’attendais depuis avril, sonnait déjà le glas de cette campagne démocratique pour la Chambre Haute: l’article du code électoral qui organise les réunions publiques avait été abrogé le 14 avril 2011 « en conséquence il n’y a plus de date officielle de début de campagne ».
Pas de campagne officielle du tout donc jackpot pour les sénateurs sortants d’un mandat de 10 ans, assis confortablement dans les fauteuils de la haute assemblée.
Dépensez tant que vous voulez, tant que vous pouvez, aucun contrôle ne vous sera demandé, pas de compte de campagne pour les sénatoriales non plus !
On n’est jamais mieux servi que lorsque soi-même on concocte les lois !
Mais motus et bouche cousue, personne n’évoque ces faveurs dignes d’une République bananière.
Moi la spécialiste de l’Observation d’élections dans les pays en voix de démocratisation, j’y étais pour mes restes d’illusions et pour mes frais !
« T’es partie trop tard » me lance le champion toute catégorie de la réussite électorale, maire-député-conseiller général. Je lui lance franco : « Cette fois-ci tu démissionnes de l’Assemblé Nationale ou du Sénat ? » devant les journalistes amusés!
Le PS a la dent dure et la rancune tenace. Le 1er fédéral de la Moselle ne nous a jamais pardonné notre candidature aux sénatoriales de 2001: un crime de lèse-majesté ! Malgré les quelques 27 voix qu’avait recueillies notre candidate et qui n’avaient pas empêchées la liste PS/PC de gagner 3 sièges au Sénat face à la balkanisation des listes de droite! Même pas besoin des Verts !
De l’eau coula sous les ponts mais leur hargne contre nous reste intacte. L’accord politique signé entre le PS et EELV pour les sénatoriales de 2011 ignorait magistralement la Lorraine qui aurait du se contenter en Meurthe et Moselle de la 4e place, et de la 6e, soit la première suppléance, en Moselle, « nous leur donnons la place qu’ils méritent » tempête dans la presse, le premier de liste socialiste aux sénatoriales !
Quelle stratégie a donc bien pu pousser le PS 57 à inverser les personnages en faisant passer le 3e sénateur en tête de la liste PC/PS ? Peut-être l’espérance, que le Président du Conseil Régional passé de la 1er à la 3ème place, pousse les grands électeurs à voter massivement pour la liste PS-PC dans le but de rallonger de six années supplémentaires ses vingt huit de présence au Sénat ?
Obliger la seconde de liste à se représenter, à l’âge de 78 ans, alors qu’elle avait annoncé aux élus locaux qu’elle était fatiguée, traduit bien la volonté de ne pas permettre un accord global entre EELV et le PS et donc la privation d’une dynamique de campagne autour des écologistes et de la gauche.
En 2001, la droite mosellane était plus divisée que jamais avec pas moins de 7 listes sur 14, ce qui avait entraîné la victoire de la liste PC/PS. Elle en tira les conséquences cette fois-ci avec seulement 3 listes.
Avec 6 listes en compétition en 2011, la donne a radicalement changé pour obtenir le 2e, voire un 3e siège ! Fort de sa conquête dans les grandes villes mosellanes de Metz, Thionville et Forbach, le PS a fait croire au gain du 3 siège, alors que c’est mathématiquement impossible.
Si en 2001, 940 voix furent suffisantes pour obtenir 3 sièges avec la dispersion des voix de droite, en 2011 avec les 1200 annoncés par le PS durant cette campagne, les socialistes ne pouvaient espérer le 3e.
Ce qui se vérifia le 25 septembre dans les urnes où la liste PS/PC ne parvint qu’à 1040 voix, reconnaissant que même avec celles de notre liste, le 3e siège était impossible à décrocher.
Même pas la faute des écolos !
Les responsables mosellans du PS le savaient bien, pourtant pendant toute la campagne, ils n’ont eu de cesse de taper sur nous, en hurlant au « vote utile ».
Que n’ai-je pas entendu de ces « alliés », du Conseil régional, des villes de Metz et Thionville: « elle nous vole le 3e siège»… comme si ce siège leur appartenait ad vitam eternam, « c’est normal qu’elle se présente, elle fait de l‘alimentaire »!
Ces messieurs en cumul de mandats et d’indemnités, et qui donc écrêtent, donnent-t-ils le surplus à la Croix Rouge ou à Action contre la Faim?!
La pression fut telle qu’ils obligèrent EELV a suspendre tous les élus EELV sur la liste, en pleine campagne ! Quel courage, EELV national tenait ses troupes et le PS, EELV !
Ce dimanche 25 en fin de journée, à la vue du Vice-président EELV du Conseil région, le nouveau sénateur réélu et 1er fédéral du PS de la Moselle, eut cette sortie magistrale devant la classe politique lorraine et les services de la préfecture « Dégage ! ». La classe !
Rendez vous en 2014 !
Marie Anne Isler
Membre honoraire du Parlement européen et tête de la liste « Ensemble pour la Moselle », suspendu par son parti à 5 jour de l’élection !